Chapeau : Les amateurs de fraises vont pouvoir se régaler plus tôt que d’habitude en 2025. En raison d’un hiver particulièrement doux, la récolte des premières fraises de pleine terre a démarré avec environ 3 semaines d’avance dans les principales régions productrices françaises. De quoi apporter une jolie touche de soleil dans nos assiettes printanières !
Il n’y a rien de tel que ces premières fraises gourmandes pour annoncer l’arrivée des beaux jours et nous mettre l’eau à la bouche. Chaque année, nous attendons avec impatience le mois de mai et le retour de ce fruit phare de la saison estivale. Mais en 2025, la nature nous a réservé une belle surprise ! Dès la mi-avril, les producteurs français ont commencé les récoltes dans plusieurs régions clés comme le Roussillon, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse ou encore le Lot-et-Garonne. Une véritable aubaine qui nous permet de retrouver bien plus tôt ces reines des desserts dans nos assiettes. Décryptage de ce petit miracle printanier.
Un hiver doux et ensoleillé pour favoriser la pousse précoce
Alors que la norme est plutôt à une arrivée de la fraise française entre fin avril et mi-mai, le millésime 2025 fait figure d’exception. Mais comment expliquer ce phénomène de précocité qui réjouit autant producteurs que consommateurs ? Tout est dû aux conditions météorologiques particulièrement douces et ensoleillées qui ont régné durant l’hiver dernier sur l’Hexagone.
« Avec des températures de 3 à 5°C au-dessus des normales saisonnières, la pousse des fraisiers a été plus rapide que les autres années, nous confie Rémi Ourliac, producteur dans les Bouches-du-Rhône. Au lieu d’avoir les premières floraisons fin mars comme d’habitude, nous les avons eues dès la mi-février. Cela nous a permis des récoltes très précoces, pratiquement 3 semaines avant le calendrier habituel ! »
Grâce à ces poussées de chaleur hivernales, les plantes n’ont pas connu cette année de période de repos végétatif prolongée. La montée en puissance des températures a pu s’effectuer progressivement, sans à-coups ni gel tardif pour ralentir la végétation. Dans certains bassins de production comme la région d’Avignon, cerisiers et pommiers ont même devancé l’appel, avec des fruits déjà bien présents sur les branches début avril !
Un coup de projecteur bienvenu pour les producteurs
S’ils ont dû s’adapter en quelques semaines, en mobilisant davantage de main d’œuvre saisonnière pour récolter rapidement les premiers fruits, les professionnels de la fraise sont ravis de cette avance à l’allumage. Arriver en force avec 3 semaines d’avance sur le calendrier représente un avantage concurrentiel de taille sur les autres pays producteurs comme l’Espagne ou le Maroc, d’ordinaire mieux placés aux premiers rayons.
« C’est une belle opportunité qui nous est offerte d’être parmi les tout premiers au monde à proposer des fraises fraîches, de qualité et made in France, se réjouit Bruno Darnaud, producteur dans le Lot-et-Garonne. Nous avons ainsi pu approvisionner en priorité les marchés locaux et de proximité, avant que les importations étrangères n’arrivent en rayons d’ici quelques semaines. »
Un succès commercial qui profitera aussi aux petits producteurs, puisqu’avant l’heure de pointe des récoltes estivales, ils pourront mieux valoriser leurs fraises auprès des consommateurs en recherche de fruits frais et locaux. Un moyen également de dynamiser les ventes de fruits à l’approche des beaux jours.

Un petit monde de la fraise déjà sur le pied de guerre
Pour faire face à cette montée en puissance précoce des récoltes, toute la filière fraise française s’est mise sur le pied de guerre en quelques semaines à peine. Chez les producteurs, il a fallu mobiliser d’importantes équipes de saisonniers pour ramasser plus tôt que prévu les premiers fruits de pleine terre et les conditionner dans la foulée.
« Nous avons dû revoir notre organisation très rapidement pour récolter dans les meilleures conditions ces fraises arrivées en avance, explique Maxime Berger, producteur dans le Vaucluse. Il a aussi fallu s’assurer que nous aurions assez de main-d’œuvre pour tenir le rythme sur la durée. »
Une adaptation du même ordre a été nécessaire chez les négociants et centrales d’achat, avec une mobilisation accrue de l’outil logistique pour approvisionner les circuits de distribution dès la mi-avril.
Car oui, dès la troisième semaine d’avril, les consommateurs français ont pu découvrir les premières fraises au rayon fruits et légumes de leur supermarché, sur les étals des marchés ou directement à la ferme. Une véritable prouesse pour un fruit aussi périssable qui était encore sur les fraisiers quelques jours plus tôt !

La promesse de fraises savoureuses et parfumées
Si cette avance à l’allumage réjouit autant les amateurs, c’est qu’elle augure de très belles qualités gustatives pour ces fraises de primeur. Grâce à une arrivée à maturité dans des conditions météo quasi-optimales, ces premiers fruits de pleine terre devraient être particulièrement sucrés, fondants et parfumés. De quoi régaler pleinement nos papilles après un hiver sans fraises fraîches !
Il faut dire que leur développement s’est fait de façon progressive, sans stress hydrique ni coup de chaleur pouvant altérer leur maturation. Les rendements de ces premières récoltes sont également très satisfaisants, avec des calibres moyens à très bons.
« Nous avons de très belles fraises déjà présentes sur nos rangs, se réjouit Julien Clavel, producteur dans le Roussillon. Grâce aux conditions douces de cet hiver, couplées aux pluies régulières jusqu’à mi-mars, le fruit a pu grossir harmonieusement pour afficher une belle chair ferme et savoureuse. Nous avons tout lieu d’être ravis de la qualité ! »
Seule petite incertitude pour le moment, la tenue dans le temps de ces premiers fruits. Car s’il fait déjà chaud en ce mois d’avril, comme ce fut le cas par endroits ces dernières années avec une surproduction rapide des récoltes, la saison pourrait s’avérer plus courte. Mais les spécialistes se veulent rassurer, tablant sur une pleine période de production de qualité d’ici fin juin.
De nouvelles saveurs à découvrir plus tôt
En plus des variétés classiques comme la Ciflorette ou la Gariguette, les consommateurs vont aussi pouvoir découvrir plus tôt dans l’année de nouveaux parfums de fraise aux notes gourmandes inattendues. Des variétés souvent réservées à une production tardive, comme la fraise Murancha à la saveur musquée légèrement épicée, ou la fraise Anabelle aux arômes de fruits rouges intenses.
Une belle vague de fraises à prix raisonnables
Au-delà du plaisir gourmand, cette arrivée massive des fraises françaises dès la mi-avril devrait aussi se traduire par des prix attractifs pour les consommateurs. Avec une offre déjà très abondante sur le marché intérieur, l’effet de rareté habituel des premiers fruits de saison ne jouera pas cette année. De quoi permettre à toutes les bourses de profiter pleinement de ces fraises précoces !
« Nous tablons sur des prix raisonnables pour cette vague de production printanière, aux alentours de 3 à 5 euros la barquette en grande distribution selon les régions, estime Bruno Coudert, président du conseil spécialisé Fruits Rouges de FranceAgrimer. C’est une belle opportunité de faciliter l’accès à ce fruit phare pour le plus grand nombre. »
Les cours devraient ensuite augmenter progressivement au fil des semaines avec l’arrivée des récoltes plus tardives, moins abondantes. Mais cette vague de prix attractifs dès avril et mai devrait booster les ventes, au grand bénéfice de la filière française globalement.
Un avantage stratégique pour la riposte aux importations
Cette précocité inédite des récoltes tricolores tombe en effet à point nommé pour la filière fraise française. Confrontée ces dernières années à une forte concurrence des importations étrangères arrivant en force sur les étals entre avril et juin, elle dispose cette fois d’un sérieux coup d’avance pour s’imposer.
« Avoir les premiers fruits disponibles sur le marché hexagonal avant nos voisins méditerranéens nous donne un réel avantage compétitif, souligne Julien Chabault, délégué national de l’Association Nationale Fraises & Petits Fruits. Nous avons tout loisir de conquérir les consommateurs en premier avec nos belles fraises de primeur à des prix abordables. »
Grâce à ce décalage dans le calendrier de production, les fraises françaises devraient ainsi pouvoir s’écouler en masse sur le marché intérieur d’avril à juin, avant l’arrivée des premiers tonnages importés d’Espagne. Une belle revanche pour les producteurs tricolores après des années de pression commerciale.
Des réjouissances toutefois de courte durée, puisque la concurrence ibérique devrait pouvoir reprendre son avantage classique de prix dès le mois de juillet avec sa pleine saison. Mais ce sprint de tête des fraises françaises devrait permettre d’écouler les volumes et de remplir les bourses pour bien préparer la saison estivale.
De belles perspectives si le beau temps se maintient
Si cette année 2025 s’annonce très prometteuse pour les producteurs français de fraises avec cette belle opportunité de primeur, la réussite complète de la saison dépendra bien sûr de la suite du scénario météorologique. Car un été trop chaud et sec pourrait compromettre les volumes et la qualité des récoltes estivales dans certains bassins.
« Cet hiver particulièrement doux et humide nous a donné une très bonne avance en début de campagne, mais nous restons dépendants des conditions à venir pour tenir sur le long terme, tempère Rémy Bouillet, président du Syndicat des Producteurs de Fraises Françaises. Des chaleurs excessives en mai ou juin pourraient griller la marchandise. Il nous faut des conditions tempérées et pluvieuses jusqu’en août pour engranger de beaux volumes. »
Nul doute que les producteurs resteront attentifs à la météo des prochains mois, pour ajuster au mieux leurs pratiques culturales et leurs prévisions. Pas question en tout cas de gâcher cette belle opportunité de renouer avec une large visibilité des fraises françaises en rayons !
La récolte de 2025, une rampe d’envol vers un printemps permanent ?
Au-delà de ce coup de projecteur printanier, cette avance historique de la production pourrait être le signe avant-coureur d’un bouleversement majeur du calendrier de la fraise française dans les prochaines années. Avec le réchauffement climatique, les événements météo extrêmes comme cet hiver doux pourraient en effet se multiplier.
Les scientifiques de l’INRAE ne cessent d’alerter sur la progression de ces phénomènes dans les années à venir. Et les premières conséquences sur les cultures fruitières commencent déjà à se faire sentir, comme cette saison 2025 particulière pour la fraise.
« Si les hivers se réchauffent en moyenne de +2 à +4°C d’ici 2050 comme l’annoncent les projections, la production de fraises pourrait débuter dès le mois de mars dans les régions les plus chaudes ! C’est un véritable bouleversement du calendrier cultural qui se profile, estime Thierry Moreau, ingénieur agronome à l’INRAE. La fraise pourrait devenir un fruit de printemps en France d’ici quelques décennies seulement ! »
Un scénario qui suppose d’ores et déjà des efforts d’adaptation pour les producteurs français, que ce soit au niveau du choix des variétés, des systèmes de cultures employés ou encore des régions de production privilégiées. La fraise du futur pourrait avoir un visage bien différent et nécessitera d’importants investissements pour maintenir la compétitivité des bassins historiques.

Des innovations à venir pour s’adapter
Devant ces potentiels changements climatiques de grande ampleur et dans l’optique de rester les premiers fournisseurs des marchés européens au printemps, les professionnels de la filière réfléchissent déjà à de nouvelles pistes pour s’adapter.
Parmi les solutions à l’étude : la conception de nouvelles variétés de fraisiers plus résistantes à la chaleur, le déploiement de systèmes d’ombrage et de brumisation dans les champs, ou encore la transition vers des cultures sous serre ou sous tunnels. Sans oublier la nécessaire réflexion sur le choix des futures régions de production les plus adaptées au changement.
« Nous aurons dans les années à venir un gros travail sur l’innovation variétale et agronomique pour maintenir notre avantage compétitif sur la fraise primeur, reconnaît Didier Ferrier, directeur de la station de recherche appliquée Fraise de l’INRA Avignon. Nos partenaires industriels et semenciers sont déjà sur le pied de guerre pour nous aider à préparer la fraise de demain, résistante aux aléas. »
Producteurs et chercheurs travaillent ainsi la main dans la main pour relever les défis à venir. De nouveaux bassins de production comme la Bretagne ou les Pays de Loire pourraient par exemple être amenés à prendre le relais des régions désormais trop chaudes l’été. Autant d’évolutions qui laissent présager encore de belles perspectives de développement pour la fraise française dans les décennies à venir !
Conclusion
Si cette avance à l’allumage 2025 constitue une belle opportunité commerciale pour la filière fraise tricolore, c’est aussi et surtout un signal d’alarme sur l’impact déjà visible du réchauffement climatique sur les cultures fruitières.
En avançant ainsi d’environ 3 semaines le calendrier de production par rapport à la normale, ce millésime pourrait bien préfigurer de futures saisons de plus en plus précoces dans les années à venir. Un véritable défi s’annonce pour les producteurs, qui devront s’adapter en profondeur pour maintenir leur compétitivité.
Sélection variétale, pratiques culturales, zones de production… De nombreux changements sont à prévoir pour continuer à proposer aux consommateurs européens les meilleures fraises de primeur dans un environnement en pleine mutation. Des investissements lourds dans la recherche et l’innovation seront indispensables pour relever ce défi de taille.
Gageons que les atouts de la filière française (savoir-faire, qualité, circuits courts) et la mobilisation déjà à l’œuvre des professionnels et des pouvoirs publics permettront de préparer au mieux les prochaines décennies. Fraise de printemps un jour, fraise française toujours ! L’objectif est de conserver cette appellation d’excellence qui fait la fierté des consommateurs depuis des générations.
En attendant, réjouissons-nous de pouvoir déguster ces sublimes fraises précoces en 2025. Une façon gourmande de savourer les premiers rayons du soleil printanier dans nos assiettes ! Alors tous à vos paniers pour profiter de cette vague de primeur à prix doux. Une belle promesse de saveurs goûteuses qui parfume déjà nos envies d’été.